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Torture, famine, maladies, décès: L’enfer des prisonniers de la maison centrale de Conakry…

Il est temps de finir la construction de la maison d'arrêt de Dubreka et d'éviter ainsi d'envoyer les prisonniers au mouroir Me Cheik Sacko ! commente Maître Baldé


Enquête | Article d'Oumar Bady Diallo, publié le 22 juin dans Africaguinee.com


CONAKRY

- Depuis un certain temps on assiste à une flambée des décès à la prison civile de Conakry. L’opinion peine encore à comprendre les causes exactes de ces décès. Officiellement, on évoque neuf cas de décès depuis janvier 2018, mais certaines sources indiquent qu’il y a eu plus. Face à cette cascade de décès touchant les prisonniers, notre rédaction a mené une enquête.


Le constat est pathétique. 

La prison civile de Conakry située au quartier insalubre de Coronthie dans la commune de Kaloum, qui a été construite par le colon français en 1933 tue facilement. La structure, composée de cinq bâtiments séparés par une grande cour, avait été dimensionnée pour accueillir jusqu’à un maximum de 400 prisonniers. Aujourd’hui, elle contient plus de 1 000 détenus. Les pensionnaires de ce centre de détention sont exposées à toute sorte de maladie. 

 Interrogé par Africaguinée.com par rapport à cette réalité sinistre, un responsable chargé de la sécurité au niveau de la maison centrale de Conakry, avoue les cas de morts, mais tente de les justifier en ces termes : « Tous les détenus qui sont décédés en 2018 ont eu une mort naturelle et d’ailleurs ils ont tous bénéficié d’une prise en charge et ont été hospitalisés avant de trouver la mort », dit-elle. 


Cette source explique que  les causes de ces décès sont multiples.  Certains prisonniers, a-t-il dit,  viennent en prisons malades. « Ces maladies vont finalement les emporter. D’autres contractent les maladies dans la prison et malgré les efforts fournis par les médecins, ils décèdent. D’autres cas, ce sont des gens qui ont eu des blessures lors de leurs arrestations, exemple: sur les lieux des crimes certains sont blessés par balles, d’autres sont blessés par une foule en colère, donc ces blessures peuvent entrainer la mort  », a expliqué notre interlocuteur qui clame haut et fort qu’il n’y a aucun acte de torture enregistré dans la prison.

Pourtant un médecin qui évolue dans le milieu carcéral affirme le contraire : « Il y a  le cas des tortures. La torture psychologique et la torture corporelle. Jusqu’à présent la torture physique existe dans notre pays et ces tortures causent des décès dans les prisons », confie ce médecin qui affirme que tous  les prisonniers ne sont pas pris en charge médicalement.


Les statistiques macabres à la maison centrale font froid dans le dos. Officiellement neuf cas de décès ont été enregistrés en seulement cinq mois. Interpelé, le responsable de la communication du ministère de la justice a brandit des documents où ces cas ont été répertoriés. Selon lui, depuis le début de l’année 2018 il n’y a eu que 9 cas de décès au niveau de la sureté de Conakry. Comme le témoigne ce document qu’il a apporté à notre rédaction.


Document...

Pour plus de précisions sur les causes de ces morts en milieu carcéral, nous avons interrogé un médecin qui évolue dans le service sanitaire du milieu carcéral de la Guinée. Ses explications sont plus qu’édifiantes. Il explique que les causes essentielles des décès dans le milieu carcéral sont entre autres liées au problème alimentaire, aux tortures dans certains cas, aux  maladies, à la malnutrition qui rendent les prisonniers vulnérables. 


« Les causes des décès dans le milieu carcéral sont de deux ordres. La première cause que je vais appeler la cause sous-jacente c’est le problème alimentaire notamment la chaine alimentaire. S’il y a une défaillance au niveau de la chaine alimentaire il y aura forcément des conséquences sur la santé. Comme vous le savez en 24h un adulte moyen normal en bonne santé a besoin de 2400 kilos-calories. Alors, lorsqu’on prend le régime alimentaire des prisonniers guinéens qui n’ont que la bouillie qui n’est même pas sucrée et plus un plat largement insuffisant dont la quantité et la qualité laissent à désirer, ils ne peuvent même pas avoir 1500 kilos-calories à plus forte raison atteindre les 2400. Alors lorsqu’ils continuent comme ça, à avoir une carence pendant un certain temps, ils vont développer ce qu’on appelle la malnutrition. Lorsqu’on est malnutri on est faible, lorsqu’on est affaibli on est vulnérable, le système nutritif du corps ne peut plus défendre le corps en cas de maladie. Et donc lorsqu’une maladie attaque l’organisme en ce moment-là, c’est pour terrasser l’organisme. Ça peut être l’une des causes », explique ce médecin qui a requis l’anonymat. 


Malnutrition sévère…

Il poursuit en indiquant que la malnutrition peut entrainer la mort sans parler des maladies. Selon ce médecin, la malnutrition sévère entraine des problèmes neurologiques et des problèmes cardiaques.  Les deux sont très mal connues des médecins qui soignent en dehors de la prison, dit-il, soulignant que ceux qui ne travaillent pas dans le milieu carcéral qui prennent souvent très mal en charge ces deux pathologies peuvent entrainer le décès. 


Problèmes d’accès à l’infirmerie…

Le deuxième problème dans le milieu carcéral, c’est celui lié à la prise en charge médicale, renseigne notre source. « Même ceux qui sont dehors et qui sont naturellement bien alimentés ont des problèmes de santé. Lorsqu’on a un problème de santé et qu’on n’a pas une alimentation adéquate, on est forcément amené à solliciter les soins. Maintenant si on n’a pas les soins, c’est la mort qui s’annonce. Lorsqu’on est détenu et qu’on a des problèmes de santé, accéder d’abord à l’infirmerie c’est un problème. Même s’il accède à l’infirmerie, même s’il y a un médecin qui a la volonté de soigner si celui-ci n’a pas les équipements nécessaires est-ce qu’il peut le faire ? C’est non. Ça veut dire que ces gens sont exposés », relate-t-il. 


Affaire à suivre…


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